Ca y est, c’est fait depuis le 31 janvier, minuit, le Royaume-Uni ne fait plus officiellement parti de l’Union Européenne. Le divorce est acté. Et après une période de transition qui doit durer jusque la fin de l’année, et pendant laquelle rien ne change, le Royaume-Uni se détachera au 1er janvier 2021 économiquement de l’Union européenne.
Une décision qui apporte son lot de problèmes, car si le divorce est donc acté, les deux parties doivent toujours négocier un accord commercial statuant sur leurs relations futures. Et là rien n’est simple, le but majeur avoué du gouvernement conservateur de Londres amené par Boris Johnson est de devenir un concurrent ultra-libéral et s’éloigner au plus de l’Union Européenne en se coupant au maximum de ses réglementations pour partir à la conquête du monde. Comme au bon vieux temps de l’Empire et de sa domination des XVIIIème et XIXème siècles. Et tout en voulant garder un accès privilégié au marché européen qui représente plus de la moitié de ses exportations. Et 40% des marchandises exportées et importées vers et du Royaume-Uni sont échangées avec seulement 7 pays de l’UE : l’Allemagne, les Pays-Bas, la France, l’Irlande, la Belgique, l’Espagne et l’Italie.
Une position que l’UE n’acceptera pas. Son point de vue est simple, plus le Royaume-Uni s’éloignera des réglementations en vigueur dans l’UE, moins l’accès au marché Européen sera libre. Boris Johnson ne pourra donc pas avoir le beurre et l’argent du beurre en même temps. Il devra choisir, entre ses promesses folles de gloire d’un Empire nouveau et la dure réalité immédiate d’un écroulement progressif de son économie coupé de son principal partenaire économique.
Le secteur de la pêche est un bon exemple, simple, pour comprendre la problématique. Si l’UE profite aujourd’hui de l’accès aux eaux territoriales britanniques, elle est aussi le marché principal de consommation. Le Royaume-Uni sera donc tenté de vouloir interdire cet accès aux chalutiers français et espagnols, promis à ses pêcheurs lors du référendum de 2016, mais il y a fort à parier que l’UE taxera alors fortement les importations de poissons et autre fruits de mer en représailles. Il faudra donc bien trouver un compromis.
Et les exemples sont légions, les dossiers plus complexes les uns des autres, l’intégration du Royaume-Uni à l’Europe est profonde, et découdre ses liens sera beaucoup plus facile à dire qu’à faire, les enjeux étant majeurs et les conséquences quoiqu’il arrive seront négatives pour les deux parties. Un accord commercial gagnant-gagnant est déjà compliqué à trouver, les négociations peuvent durer des années comme on l’a vu avec les accords récents signés avec le Canada et le Japon. Et il est fort à parier qu’un accord perdant-perdant, parce que c’est bien ce dont on parle, personne n’a à y gagner quoique ce soit, n’en déplaise à Boris Johnson, sera difficile à trouver et risque de prendre beaucoup plus de temps que les quelques mois voulus par Johnson, qui a rejeté toute idée d’extension au-delà du 31 décembre. Un risque d’une sortie sans accord, cataclysme annoncé et pire scénario envisageable, est donc bien réel.